Enfants et divorce: La garde alternée serait-elle une solution ?
Les autorités compétentes et plusieurs organisations civiles travaillent sur de nouvelles solutions juridiques pour limiter les conséquences négatives des divorces sur les enfants et la famille. Un conseil ministériel restreint (février 2025) a examiné un projet national de soutien à la cohésion familiale, qui repose sur quatre axes majeurs :
révision du cadre législatif lié à la famille (divorce, pension, garde),
création d’un médiateur familial pour favoriser la conciliation,
amélioration des dispositifs de pension alimentaire et de rente de divorce,
protection renforcée de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Lors de journées d’étude (avril 2025), plusieurs thèmes ont été débattus, dont les pensions et les alternatives aux sanctions, la couverture sanitaire des femmes divorcées, la médiation familiale, ainsi que l’impact psychologique du divorce sur l’enfant.
L’Organisation internationale pour la protection de l’enfant méditerranéen a ainsi proposé une réforme clé, qui consiste à instaurer une garde alternée entre les parents divorcés ou en instance de séparation. Cette proposition vise à transformer le divorce d’un phénomène négatif en une réalité mieux vécue par les enfants, afin de préserver leur équilibre psychologique et leur relation avec leurs deux parents.
La présidente de l’organisation, Rim Belkhadhiri, a souligné que la législation actuelle (inchangée depuis 1993) attribue automatiquement la garde à la mère, réduisant fortement le rôle du père et alourdissant la charge de la première. Cela entraîne souvent des troubles psychologiques chez les enfants, des difficultés scolaires et sociales et parfois un basculement vers la délinquance
Le projet de garde alternée prévoit que :
les deux parents disposent, chacun d’un logement et de conditions matérielles adéquates,
ils s’engagent à consacrer du temps suffisant à l’enfant,
la garde commence dès l’âge de 3 ans et s’effectue par alternance (semaine ou quinzaine).
Selon les chiffres officiels, la Tunisie a enregistré environ 35 000 divorces en 2023, avec plus de 600 000 enfants concernés par la séparation parentale en 2023-2024. Plus grave encore, 104 enfants issus de divorces se sont suicidés sur cette période.
Face à ces statistiques alarmantes, chercheurs, juges et associations appellent à une réforme urgente du Code du statut personnel, afin d’adopter une approche globale –éducative, psychologique, sociale et juridique– pour renforcer la cohésion familiale et protéger les enfants.
Avec TAP